Nous définissons la dérive sectaire comme un accaparement de la personne basé sur une séduction mensongère amenant celle-ci à faire des choix.

Pour nous, la dérive sectaire s'interprète dans les cadres suivants comme :

1/ Elément Biblique : "Vous serez comme des Dieux". Valeur morale : l'Orgueil.

2/ Elément Psy : Désir de toute-puissance. Recherche du pouvoir.

3/ "La critique que je fais de ton texte se veut POSITIVE", critique de cette définition par Poïmandrès un intervenant sur le forum de www.vigi-sectes.org

Nous définissons la secte comme étant un groupe accaparant la personne par des mensonges amenant celle-ci à faire des choix. Nous pensons que la notion de dérive sectaire est présente dans tous les groupes et qu'il n'est pas besoin d'être une secte pour entrer dans cette dérive, il suffit d'être humain, nous allons plus loin que M. Willaime21. Ici avec cette définition notre but est d’essayer d'objectiver ce passage entre dérive sectaire et secte. La personne est monopolisée par le groupe dont elle a choisi de suivre l'idéologie, le groupe s'est emparé d'elle aussi parce qu'elle s'est offerte. Il suffirait que la personne se reprenne au sens propre ainsi qu'au sens figuré. C'est la raison pour laquelle nous avons autant d'aller-retour identifiés dans les mouvements sectaires. Nous concevons, avec M. Lenoir et Mme Lucas, que selon le taux d'implication dans le groupe, la prise de conscience que le groupe est une secte est plus ou moins longue. Mais en même temps, plus la personne est impliquée, plus elle peut identifier le mensonge qui lui permettra de sortir du groupe si elle le souhaite. Ici il nous semble essentiel de dire que cette notion de mensonge n'est pas en relation avec l'extérieur du groupe. Ce n'est pas un regard extérieur de la science ou de la foi d'un autre groupe qui détermine si tel ou tel groupe est une secte ou pas. C'est le constat de mensonges internes vérifiables. Le regard externe peut juste constater et vérifier si le mensonge professé par le groupe est réel. C'est en affirmant la volonté de tromperie et en apportant la preuve que le regard externe peut dire que tel groupe est une secte, selon notre définition. Le groupe est évalué à la mesure de ses propres critères. C'est la volonté de tromper de la part de la secte qu'il nous semble possible d'identifier en prenant comme critère la secte elle-même. La secte agit en connaissance de cause. Cette volonté de tromper existe dans les faits, pour identifier une secte il suffit de le prouver et pas seulement de le dire. Ici nous n'inventons rien nous ne faisons que poursuivre un élément déjà présent dans le cadre de la loi sur les associations de 1901 en son article 3 :

« Toute association fondée sur une cause ou en vue d'un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes moeurs, ou qui aurait pour but de porter atteinte à l'intégrité du territoire national et à la forme républicaine du gouvernement, est nulle et de nul effet. »22

Pour clarifier notre propos nous allons donner quelques exemples allant dans le sens de notre définition. Nous commencerons par les Témoins de Jéhovah, le groupe Amma et pour finir la Scientologie. Concernant les Témoins de Jéhovah, nous avons en notre possession différents livres sur le sujet des sectes dont un de M. Pierre Oddon qui est une compilation des textes des Témoins de Jéhovah sur les différentes prédictions23 que ce mouvement spirituel a annoncées. Nous allons nous limiter à la prédiction de 1975. Mais avant cela il nous semble important de mettre en avant, dans le cadre de notre définition provisoire sur le mot secte, l'élément de référence des Témoins de Jéhovah à partir duquel nous pouvons évaluer -de l'extérieur- du bien fondé de celle-ci :

« Ta religion devrait avoir une base digne de confiance... Si tu te rends compte que ta religion enseigne quelque chose d'inexact, tu devrais t'en détourner. Mais alors surgit la question : Es-tu prêt à soumettre ta religion à un tel examen ? ... Tour de Garde du 1er juillet 1958 p. 289 »24

Nous reprenons donc à notre compte cette proposition d'examen faite par cette affirmation des Témoins de Jéhovah en tant que simple observateur comme critère d'évaluation sur une des prédictions faite par ce groupe. Voici un exemple concret d'une prédiction faite par les Témoins de Jéhovah pour l'année 1975 :

«

Avant 1975

Après 1975

- fin des 6000 ans de l'existence humaine. (D70+D93d)

- (en 1977) presque 6000 ans se sont écoulés depuis la création de l'homme. (D82a)

- fin des 6000 ans de la rébellion des hommes et des démons contre Dieu (D76a+D74ab)

- Ce n'est pas la fin des 6000 ans de domination humaine. (D 78a)

- fin des 6000 du jour de repos de Dieu. ( D73a)

- Ce n'est pas la fin des 6000 premières années du jour du repos de Dieu. (D78b)

Oui, « que personne ne vous séduise d'aucune manière » ose écrire la Société (D79b). Il y a eu des séducteurs dans le passé... il y en a encore de nos jours ! »25

Il n'est pas besoin d'être pour ou contre les Témoins de Jéhovah pour constater ces faits. Ils sont là. Il est évident qu'ensuite l'analyse de ces éléments peut montrer leur portée morale ou éthique toujours en rapport avec notre première citation de la Tour de garde du 1er Juillet 1958. Ce critère d'examen nommé par les Témoins de Jéhovah reste pour ce mouvement le moyen d'évaluer le caractère sectaire de ce groupe selon notre définition.

Venons en maintenant à un autre exemple. Le 18 janvier 2005 le site internet www.prevensectes.com reçoit un courriel que son webmaster ajoute à sa rubrique actualité sur les sectes. Ce courriel provient du centre AMMA et dit ceci :

« Centre AMMA : pas de dérive sectaire

reçu par courriel, 18 janvier 2005 [Texte intégral]

Cher Monsieur,
Pour la juste information des visiteurs (nombreux !) de votre site, nous vous transmettons le texte d'un article paru dans le journal "La République du Centre " édition Chartres au mois de décembre 2004.

Dans notre édition du samedi 4 décembre, nous faisions le point sur l'installation de l'ashram d'Amma, Maison Amrita, à Pontgouin, et nous mentionnions un paragraphe du rapport de la Miviludes (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) au Premier ministre. Le rapport dénonçait le prétendu pouvoir d' Amma de guérir la lèpre ou le cancer d'un baiser. Il s'avère que ce paragraphe, toujours présent sur le rapport Internet, a été supprimé de la version définitive du rapport papier de la Miviludes. Le secrétaire général, Gilles Bottine, s'explique sur ce loupé de ses services: "c'est une erreur. On n'avait pas assez d'éléments pour affirmer cela. Amma n'a jamais dit cela. Nous sommes dans une approche mystico-religieuse, mais le mouvement ne refuse pas les soins. Ce n'est pas un mouvement à dérive sectaire".

Pour la bonne information de vos lecteurs, nous pensons que cet article pourrait être inséré sur votre site.

Meilleurs sentiments.
Pour Maison Amrita
Michel Tailhardat.
--------------------------
Par souci d'objectivité, je mets en ligne ce message et laisse le soin à la MIVILUDES, si elle l'estime nécessaire, de confirmer ou d'infirmer ces propos. Mathieu Cossu »26

Nous sommes aussi en possession de la première édition de la biographie de cette sainte Mère, mise sur le marché à seulement 2000 exemplaires. Nous pouvons y lire sous le sous-titre « DATTAN LE LEPREUX » :

« Dattan est aujourd'hui un autre homme. Ses plaies sont presque toutes guéries. Son baume miraculeux fut la salive de la Sainte Mère. Ses yeux se sont ouverts et il peut voir distinctement. Ses cheveux ont repoussé ... Grâce à la Sainte Mère, il est née une seconde fois et à trouvé un sens à sa vie. »27

Pourquoi un groupe nie-t-il l'existence d'une guérison miraculeuse après l'avoir publiée dans un de ses livres ? Par volonté de tromper, par oubli ou par ignorance car les personnes présentes avec AMMA en 2005 ne sont peut-être pas les mêmes depuis 1989 date de l'édition de l'ouvrage précité ... De manière générale il existe de nombreux faits comme celui-ci où nous pouvons constater un double langage sur la base d'éléments du groupe lui-même. La reconnaissance de ces constats n'en donne pas l'explication. C'est en cela qu'il est difficile d'identifier la volonté de tromper car elle reste une intention qui peut échapper au « fait ». Ici, sans explication, le chercheur peut-être tenté de prendre ses « intentions » pour des « faits » et se tromper. Par contre l'absence d'explication n'annule pas le constat du double langage. Lui reste bien un « fait » mais sans explication il n'est pas utile à la réponse. Pour chercher cette réponse le chercheur peut procéder par élimination des interprétations : la dernière qui résiste par les faits sera la bonne.

Venons en maintenant à notre dernier exemple, nous le tirons du dernier livre de M. Thomas Lardeur. Le 7 janvier 2000 un article de presse dénonce avec son titre : Les scientologues se clonent sur le net, comment la secte manipule des photos pour illustrer une grande messe :

« Janvier 2000. Scoop du quotidien Libération, qui révèle comment la scientologie a manipulé des photos pour illustrer une grande messe censée avoir réuni 14000 personnes quelques jours plus tôt au Sports Arena de Los Angeles (voir page suivante). L'astuce ? Un grossier jeu de photos copiées-collées faisant apparaître des personnes à plusieurs reprises... »28

Effectivement les mêmes personnes dans les mêmes postures apparaissent plusieurs fois à des emplacements différents sur une photographie29 saisissant un instant d'une convention scientologue. Nous avons choisi cette exemple davantage pour la réponse qu'aurait donnée la personne chargée de la communication de la Scientologie américaine :

« C'est pour des raisons esthétiques qu'un des photographes a ajouté des personnes, parce qu'au moment de la prise de vue, certaines avaient quitté leur siège pour participer à une procession. Ce jour-là, nous étions bien 14000 .»30

Cette réponse est frappante, elle ne nie pas l'ajout, au contraire, elle le revendique en le justifiant. C'est par un souci de vérité que la falsification a été faite : cette présentation pour combler les sièges vides est ô combien paradoxale. Cette présence de vérité et de mensonge nous fait entrer dans se qu'appelle M. Breton un cadrage menteur : « mélanges subtils de vraies et de fausses informations, les unes servant à valider les autres »31. La photographie falsifiée de la convention scientologue a quand même été retirée de la toile. Cette affaire même si elle nous fait sourire, nous pose la question : à combien de double langages devons nous avoir à faire pour dire que tel mouvement est une secte ? C'est ici que nous évaluons la limite de notre définition. Ces double langages sont l'expression d'un état d'esprit. Comment fait-on pour évaluer un état d'esprit en science humaine ?

***************************

21« S'il y a des groupes religieux que l'on peut qualifier de « sectaires », il y a des tendances sectaires dans tout groupe religieux ». Vous avez dit « secte » ? Jean-Paul Willaime, hors série de la revue Réforme, Sectes ... entre panique et confusion, juin 2000, p.15.

22 http://lexinter.net/Legislation/loi_de_1901_sur_les_associations.htm

23Document rassemblés t présentés par Pierre Oddon, Prédictions des Témoins de Jéhovah pour 1874,1914,1925,1975 et pour les années 80, diffusion de l'Evangile 70 rue de la Gardiette 13013 Marseille France. Ces documents sont aussi présents sur internet à www.info-sectes.org

24Pierre Oddon Op. Cit. p. 2.

25Pierre Oddon Op.Cit., p. 68

26 www.prevensectes.com à la date du 18 janvier 2005 dans la rubrique « nouveauté sur ce site » et aussi dans actualité sur les sectes » du mois de janvier 2005 à AMMA-AMRITA.

27AMMA, Maison de l'Inde, Camp du Gol Saint Louis, Ile de la Réunion, première édition française 1989, 2000 exemplaires,

28Thomas Lardeur, Les Sectes, éd. Presses de la Renaissance, Paris, 2004, p. 111

29Thomas Lardeur Op. Cit. p. 112

30Thomas Lardeur Op. Cit p.111

31Philppe Breton, La parole Manipulée, éditions La Découverte & Syros, Paris, 2000, p. 105

Message d'introduction à cette critique par Poïmandrés

---------- Initial Header -----------

From : S. Jacques <poimandres437@yahoo.fr>
To : "jlmartinez@worldonline.fr" <jlmartinez@worldonline.fr>
Cc :
Date : Sat, 16 Apr 2005 18:53:42 +0200 (CEST)
Subject : Re: Re:critique de texte bis

Cher ami,
Je t'envoie le texte en document attaché.
D'accord pour que tu le mettes sur ton site.
Ce texte est signé "Jacques S. Bruxelles". Il ne s'agit pas d'un message "anonyme" dans la mesure où je puis te communiquer mes coordonnées si nécessaire.
La critique que je fais de ton texte se veut POSITIVE et sujette à discussions. Ma réponse représente seulement mon opinion en cet instant.

Salutations
Jacques
(dit "Poïmandrès")

Cette Démarche correspond à l'état d'esprit de ce site voir :

REACTIONS AU TEXTE DE JL MARTINEZ

REMARQUE 1)
« Nous définissons la dérive sectaire comme un accaparement de la personne basé sur une séduction mensongère amenant celle-ci à faire des choix. »
(…)
« Nous définissons la secte comme étant un groupe accaparant la personne par des mensonges amenant celle-ci à faire des choix. »

Ces définitions me semblent quelque peu simplistes.
En effet, il faudrait d'abord définir les mots « accaparer », « mensonge » et « séduction mensongère ».

Je prends par exemple, dans certaines Eglises protestantes américaine, le phénomène du « créationnisme » selon lequel le monde aurait été créé en 7 jours « calendrier » (donc, pas de lois de Darwin !!) : est-ce une réelle croyance des dirigeants (et des fidèles) de cette sectes ou est-ce un mensonge destiné à assurer le pouvoir des dits dirigeants.
Au risque de choquer le lecteur, je pourrais poser la même question en ce qui concerne la transsubstantiation (la Cène) en honneur dans l’Eglise catholique. Personnellement, d’origine protestante, je considère qu’il s’agit pas d’un fait réel de transformation du pain et du vin en corps et en sang du Christ (ce qui, biologiquement parlant, n’a pas de sens), mais d’une représentation symbolique de notre transformation intérieure.
Qui, du curé ou du pasteur a « menti » ???? Je me garde bien de répondre.

A l’opposé du « mensonge », il y a la « vérité ».
Ici aussi se pose la question de la définition de cette « vérité ».
Est-ce la vérité judéo-chrétienne ? En d’autres termes, ce qui N’est PAS dans nos idées judéo-chrétiennes est-il nécessairement faux ou mensonger ?
Par exemple, les athées, les musulmans, les chamanes africains ou les yogis indiens sont-ils nécessairement dans l’erreur ?
Qui peut se prétendre certain de détenir « la » vérité ?
Ne peut-il pas y avoir plusieurs « vérités » sur un même sujet ?
Que de questions

Par ailleurs, que signifie, pour l’auteur de ce texte, « faire des choix » ?
En quoi est-ce éventuellement dangereux ?
Nous n’arrêtons pas, je pense, de faire des choix de vie, sans que ce soit nécessairement une dérive sectaire.

REMARQUE 2)
« Pour nous, la dérive sectaire s'interprète dans les cadres suivants comme :
1/ Elément Biblique : "Vous serez comme des Dieux". Valeur morale : l'Orgueil.
2/ Elément Psy : Désir de toute-puissance. Recherche du pouvoir. »

Je pense qu’il est important d’insister sur l’introduction des notions « d’orgueil » et de « recherche de pouvoir » (et d’argent) dans la définition de la dérive sectaire.


REMARQUE 3)
« Nous pensons que la notion de dérive sectaire est présente dans tous les groupes et qu'il n'est pas besoin d'être une secte pour entrer dans cette dérive, il suffit d'être humain. »

On constate que dès qu’on parle de « sectes », un phénomène assez étrange apparaît : on considère que l’individu qui en fait partie perd « automatiquement » son sens de la responsabilité, son libre-arbitre et sa capacité de savoir ce qui est bon pour lui.
Quand quelqu’un perd une partie de sa fortune au Lotto ou au casino, sa famille le tient pour seul responsable de ses actes. Personne ne songe à attaquer en justice ni le marchand de billets, ni la Loterie Nationale, ni le croupier du casino. Par contre, si cette même personne donne tout ou partie de sa fortune à une soi-disant « secte », c’est qu’il a été « nécessairement manipulé ». On le plaindra en disant « le malheureux, ce n’est pas sa faute, il était sous la coupe de la secte ».

La manipulation n’est pas une caractéristique des seules associations dites sectaires.
Dans tous les groupes humains, depuis toujours, dans toutes les religions, dans toutes les philosophies, il y a des manipulateurs, des gens mal intentionnés, des gens qui prétendent en savoir et en faire plus que les autres. Ce sont ces gens là qui attirent l’attention du public sur le groupe en question. Mais, peut-on honnêtement généraliser leur comportement à l’ensemble du groupe ?
Dans tous les groupes humains, il y a des suiveurs, des gens qui se laissent influencer par n’importe qui, sans aucune réflexion personnelle, victimes désignées des précédents si ces derniers sont malhonnêtes.

La notion de "manipulation mentale" n’est pas bien définie dans les législations anti-sectes. Une définition proposée en France précise qu’il s’agit « d’actes accomplis dans l'intention de créer une emprise psychologique sur une personne pour l'inciter à renoncer à sa liberté ou à céder son patrimoine ». Son introduction dans notre Code risque d’introduire la notion de « délit d'opinion » ou « délit de pensée », ce qui contraire aux libertés fondamentales d’une démocratie.

On peut, ici aussi, se poser des questions.
Les croyances religieuses, chrétiennes, juive ou musulmane, par exemple, imposées par les parents à leurs enfants, ou l’obligation, pour un militant, de suivre les consignes de son parti, n’est-ce pas aussi de la manipulation mentale ?
Convaincre un père africain de ne pas faire exciser sa fille, ou obtenir d'une vieille demoiselle seule au monde un legs au profit d'un orphelinat n’est-ce pas aussi de la manipulation mentale ?
Il semble que le simple fait de donner un enseignement, s'il n'est pas dans la norme philosophique, sociale ou scientifique du pays, peut aussi être considérée comme de la manipulation mentale, parce qu’il pousse éventuellement les gens à réfléchir, et les amène parfois à changer d'opinion sur tel ou tel sujet. Par exemple, le simple fait, pour un thérapeute, de pratiquer la PNL (Programmation Neurolinguistique), est considéré par certains comme une dérive sectaire. On semble oublier que, ce qui est dangereux, ce n’est pas la technique elle-même, mais les buts poursuivis par celui qui l’applique et la manière dont il l’utilise.

REMARQUE 4)
« Ici avec cette définition notre but est d’essayer d'objectiver ce passage entre dérive sectaire et secte. La personne est monopolisée par le groupe dont elle a choisi de suivre l'idéologie, le groupe s'est emparé d'elle aussi parce qu'elle s'est offerte. Il suffirait que la personne se reprenne au sens propre ainsi qu'au sens figuré. C'est la raison pour laquelle nous avons autant d'allers-retours identifiés dans les mouvements sectaires. »

La phrase « le groupe s’est emparé d’elle parce qu’elle s’est offerte » n’est-elle pas applicable à toutes formes de philosophie ou de religion ?
N’est-ce pas normal, quand on fait partie d’un groupe ou d’une Eglise, de « suivre son idéologie », d’être « monopolisé » par l’Eglise en question ? Cela n’en fait pas automatiquement un groupe « sectaire ».
Pour reprendre l’exemple de l’Eglise, un bon catholique se doit de respecter à la lettre et sans discuter (donc, sans libre arbitre) l’idéologie imposée par l’Eglise et le pape, entre autres sur les sujets de la contraception de l’euthanasie ou de l’avortement ?

Ceci dit, ce ne sont pas les conceptions philosophiques ou les religions qui sont « dangereuses » ou « dans l’erreur », mais la croyance (ou la certitude) pour l’Homme d’être le « seul à détenir LA vérité » et qu’il lui faut l’imposer aux autres. En d’autres termes, ce sont les extrémistes d’une philosophie que l’on doit craindre, pas la philosophie elle-même. Tous les musulmans ne sont pas poseurs de bombes.

REMARQUE 5)
« Mais en même temps, plus la personne est impliquée, plus elle peut identifier le mensonge qui lui permettra de sortir du groupe si elle le souhaite. »

Ici aussi, je butte contre la définition du « mensonge » et de la « tromperie volontaire ».
Comment peut-on être certain que ce qui dit quelqu’un est un « mensonge » ou simplement une erreur de sa part ? Ou même une croyance sincère ?
Les 144.000 élus que suggèrent les Témoins de Jéhovah, est-ce un mensonge ou une croyance ?
De plus, comment peut-on être certain qu’un acte posé ou une croyance est « volontaire » (destiné à tromper l’autre ou à assurer la puissance des dirigeants) ou simplement une croyance ou même un mensonge par ignorance ou par bêtise.

Bien sur, l’exemple du truquage photographie scientologique est vraiment probant. Mais tous les exemples cités dans les sites anti-sectes sont-ils toujours aussi réels et extraordinaires ? Ne sont-ils pas parfois aussi mensongers, simplement incomplets ou peu objectifs ?

REMARQUE 6)
« Ici il nous semble essentiel de dire que cette notion de mensonge n'est pas en relation avec l'extérieur du groupe. Ce n'est pas un regard extérieur de la science ou de la foi d'un autre groupe qui détermine si tel ou tel groupe est une secte ou pas. C'est le constat de mensonges internes vérifiables. Le regard externe peut juste constater et vérifier si le mensonge professé par le groupe est réel. C'est en affirmant la volonté de tromperie et en apportant la preuve que le regard externe peut dire que tel groupe est une secte, selon notre définition. Le groupe est évalué à la mesure de ses propres critères. C'est la volonté de tromper de la part de la secte qu'il nous semble possible d'identifier en prenant comme critère la secte elle-même. La secte agit en connaissance de cause. Cette volonté de tromper existe dans les faits, pour identifier une secte il suffit de le prouver et pas seulement de le dire. »

D’accord sur le principe, mais, ici aussi ce sont les critères de vérification qui posent problèmes.
La question reste effet de savoir s’il faut se baser sur des critères judéo-chrétiens, des critères musulmans, des critères philosophiques indiens ou chinois, voire même des critères politiques.
Ce qui est considéré comme « bon » pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre.
Je pense en particulier à des notions comme le respect de la femme ou le respect de l’innocence de l’enfant qui est d’application en Inde et chez les amérindiens et qui est souvent battu en brèche en Occident. Il suffit de regarder les publicités montrant la « femme–objet » (en général peu habillée) ou la télé avec son cortège de violences et de sexe.

L’auteur de ce texte parle de « volonté de tromper ». Comment peut-on être certain de la « volonté » de tromper ? Comment le « prouver » ?
Ne doit on pas aussi se poser la question de connaître les buts d’une organisation et surtout de ses dirigeants ? Ceux-ci sont-ils nécessairement mus par la volonté d’asseoir leur pouvoir et/ou de s’enrichir ?

REMARQUE 7)
« Pour clarifier notre propos nous allons donner quelques exemples allant dans le sens de notre définition. Nous commencerons par les Témoins de Jéhovah, le groupe Amma et pour finir la Scientologie. Concernant les Témoins de Jéhovah, nous avons en notre possession différents livres sur le sujet des sectes (…) » 

A première lecture, les trois exemples cités semblent probants.

Il y a cependant un point d’ordre général que je relève : c’est l’usage qui est souvent fait des écrits d’un groupe prétendument sectaire ou de leurs dirigeants.
On constate trop souvent (c’est mon expérience personnelle) que l’on cite des extraits de livres ou de discours, parfois assez anciens, d’un guru, incomplets et soigneusement isolés de leurs contextes et dont on déforme ainsi le sens et la portée. On arrive même parfois à des contresens.
On oublie aussi qu’il s’agit parfois d’une tradition orale (mise par écrit) avec ses répétitions et ses exagérations, sans compter tous les risques d’erreurs que comportent les traductions françaises de certains textes, faites par des non professionnels.
Il y a aussi les citations d’extraits partiels de jugements ou autres documents officiels qui concernent plus les personnes elles-mêmes que l’association prétendument sectaire dont ils font partie.
J’ai, à ce sujet, des exemples précis.

Je n’ai pas dit que c’était nécessairement le cas dans le présent article, mais je pense qu’il importe de faire la part des choses, et d’éviter de citer des mots ou une phrase isolés de leur contexte pour en tirer des conclusions.

Il existe dans le monde un certain nombre de groupements à caractère sectaire particulièrement dangereux pour l’intégrité physique et/ou morale de leurs membres : des sectes suicidaires, des sectes apocalyptiques, des sectes guérisseuses, des mouvements religieux les plus divers. Certains de leurs membres y ont perdu leur autonomie, leur faculté de jugement, leur liberté d’expression, voire leur vie. D’autres y ont perdu leur fortune personnelle au seul profit des dirigeants de la secte.
Il est évident qu’il faut donner aux Tribunaux les outils nécessaires pour défendre les adultes et aider les parents qui essayent de secourir leurs enfants soumis à l'emprise d’une secte, victimes d'un lavage de cerveau ou qui sont l’objet d’une invitation au suicide.

Mais on peut légitimement se poser des questions au sujet de la lutte contre les sectes.
Jusqu’où on peut légiférer sans attenter aux droits universels de l’Homme et réduire la liberté de pensée et de culte, même si ce culte est différent de ceux qui sont communément admis dans nos pays d’Europe occidentale ?
Quelle est la limite entre, d’une part, les adultes et les enfants qu’il faut protéger contre les dérives de certaines sectes et, d’autre part, la liberté de réunion inscrite dans notre Constitution et dans les Droits de l’Homme ?
Peut-on tracer une frontière entre, d’une part, la réaction nécessaire contre l’intolérable, et, d’autre part, le libre-arbitre et la responsabilité personnelle de chacun décider de ce qui est bon pour lui-même ?
Sur quels critères peut-on vraiment tracer une limite bien nette entre le « bien » et le « mal » ?
A cause de la participation personnelle d’un de ses membres à un acte civilement ou pénalement répréhensible, peut-on se laisser aller à la tendance qui consiste à condamner en bloc une organisation ?
Il est important d’apporter des réponses réfléchies à ces questions avant de considérer toute une organisation comme « sectaire ».


CONCLUSIONS PROVISOIRES
Les lois anti-sectes proposées actuellement présentent des dangers de dérive très importants puisque même les définitions de la notion de « secte » sont sujettes à discussion.
La Commission parlementaire belge sur les sectes propose une définition assez concise de « l’organisation sectaire nuisible » : « C’est un groupement à vocation philosophique ou religieuse ou se présentant comme tel, qui, dans son organisation ou sa pratique, se livre à des activités illégales dommageables, nuit aux individus ou à la Société ou porte atteinte à la dignité humaine. »
Le défaut de cette définition est d’être très vague et donc susceptible d’interprétations très différentes selon les circonstances et selon l’appartenance philosophique des personnes intervenantes. Les différents termes ne sont pas définis. A partir de quand, par exemple, une activité est-elle présumée « illégale, dommageable et nuisible » ? Quels sont les facteurs qui portent « atteinte à la dignité humaine » ? Quels sont les critères objectifs qui permettent de répondre à ces questions ? Cela ouvra la voie à une véritable « chasse aux sorcières ».

En réalité, il ne devrait pas y avoir une seule définition de la secte ou de l’organisme sectaire, mais une liste de 20 ou 30 questions qu'on devrait se poser à propos d'un groupe pour y détecter un caractère sectaire éventuellement dangereux. Il s’agit de « clignotants » signalant un danger. Il faut que de nombreux clignotants soient allumés pour que le groupe examiné puisse éventuellement être considéré comme « sectaire ».
Le problème est d’examiner ces clignotants de manière objective, sans a priori négatif vis-à-vis de l’association ce qui est, hélas, souvent le cas.

Jacques S.
Bruxelles