1er TEXTE : Notre interprétation de Dominus Iesus : L'Eglise Catholique estimant qu'actuellement il était impossible aux autres Eglises de revenir en arrière quant àl'oecuménisme, elle réaffirme ce qu'elle veut être : L'église mère, une intermédiaire incontournable.

2ème TEXTE :

Jésus-Christ / Conviction / Douceur

Pour un œcuménisme franc

Introduction

Entre Protestants et Catholiques

Une réponse possible

"Dominus Iesus" : d'une pierre deux coups

La Bible et l'Eglise Catholique : seule contre tous

Rien de nouveau sous le soleil

Vers un Changement

EXTRAIT DU TEXTE DE « DOMINUS IESUS » avec ses sources

Les Enjeux : a/ Désir d'évangélisation b/ La souffrance de l'Eglise de Rome c/ Conflits externes d/ Conflits internes.

Les Risques des dialogues

Une double démarche : a/ La démarche Ecclésiologique b/ La démarche ecclésiale

Bible et dialogues quelles paroles ?

Conclusion

Jésus-Christ / Conviction / Douceur

Pour un œcuménisme franc

Introduction

Ce mois de septembre 2001 est le premier anniversaire d'une Déclaration qui a fait couler beaucoup d'encre. Rappelons-nous…

"L’Acte du St Siège, Dominus Iesus " a suscité des tremblements de terre sous les divers clochers francophones des Eglises protestantes [1] . L’"effet Ratzinger" n’a pas manqué de nous bousculer même si nous nous méprenons sur les confirmations de cette déclaration porteuse de tristesse [2] et de soulagement [3] . Par cet article nous désirons apporter une contribution au débat, invité par le contenu de "Dominus Iesus" et l'intérêt des diverses familles protestantes à son sujet pour en évaluer le contenu [4] . Nous voulons rassurer nos lecteurs sur nos motivations et nos intentions. En effet une parole trop précoce de notre part sur cette déclaration n’aurait pu être reçue que comme suspicieuse, agressive ou dédaigneuse. Un silence prolongé aurait suscité incompréhension et résignation. Un entre deux était nécessaire sur ces sujets de l'œcuménisme et du dialogue interreligieux rendus brûlants suite à cette Déclaration.

Entre Protestants et Catholiques

"Dominus Iésus" est généralement interprété comme un soufflet donné à tous les efforts de rapprochement engagés au sein du christianisme. L'Eglise Catholique est pointée du doigt. Certains acteurs ne peuvent s'empêcher de faire remarquer les "contrastes" entre les discours du Pape et les positions doctrinales officielles de son Eglise. D'autres parleraient d'incohérence. De nombreux groupes de réflexion vivent un rapprochement suite au concile de Vatican II. Des prises de position de certains théologiens de l'Eglise catholique sont encourageantes. Des missionnaires Protestants Evangéliques Américains en France sont en train d'envisager de travailler pour "la Fondation d'un monde nouveau", dont le siège est à Versailles (Yvelines, 78), une des associations au sein de l'Eglise de Rome. Généralement selon la personnalité de chacun, les rencontres entre les prêtres et les pasteurs sont fructueuses. Des dialogues bilatéraux sont depuis quelques années engagés officiellement avec les responsables des différentes Eglises  Protestantes : Réformées, Baptistes (5 rencontres entre 1984 et 1988), Pentecôtistes (entre 1972 et 1997), Mennonites (3 rencontres entre 1977 et 1984) et l'Alliance Evangélique Universelle (depuis 1993) [5] . Une Déclaration commune, après 30 ans de dialogue, sur la justification par la foi fut signée le 31 octobre 1999 à Augsbourg entre Luthériens et Romains [6] . Accord qui lève en partie l'anathème officiel de la papauté sur les Protestants (ce n'est pas rien). On ne peut s'empêcher de reconnaître la sincérité des fidèles (au sens large) de part et d'autre engagés sur ce chemin. Les soucis de rencontre, de compréhension mutuelle et d'actions communes sont bien présents au cœur de chacun. Tous ces éléments sont des signes concrets d'ouverture et de fraternité.

Par contre nous pouvons remarquer qu'une stratégie "en Etoile" [7] est utilisée par les Catholiques romains. Celle-ci met l'Eglise de Rome au centre des divers dialogues en jouant de la diversité des Eglises Protestantes et d'autres.

Dans ces relations œcuméniques l'Eglise Catholique s'affirme être "Notre Mère" [8] d'après le Père Sesboüé. Cette Eglise choisit donc naturellement de s'adresser aux Unions d'Eglises ou aux Fédérations pour promouvoir un dialogue par lequel elle met en action ce "statut d'Eglise Mère". C'est bien souvent l'argument de la diversité protestante qui est présenté pour mettre en œuvre ces différents dialogues en vue d'une compréhension plus juste. A vrai dire la difficulté n'est pas la diversité protestante. La véritable question qui se pose est : qui a l'autorité pour mettre en œuvre "une attitude de compréhension et un rapport de connaissance" ? Il nous faut reconnaître et affirmer que l'Eglise Catholique se positionne en tant "qu'Eglise Mère" en toute sincérité par le dogme du primat de l'évêque de Rome [9] .

Une réponse possible

Avec ce constat les Fédérations Protestantes, dans lesquelles sont  bon nombre d’unions d'Eglises, devraient prendre une place plus importante dans les dialogues avec l'Eglise de Rome. Encore faudrait-il que ces diverses Unions laissent cette place à leurs fédérations respectives pour entreprendre ce travail. Il nous semble essentiel d'offrir aux fédérations protestantes des pays francophones la priorité dans ces échanges pour des raisons d'unité spirituelle, de compétence théologique et de poids social, voire même d'un organisme du protestantisme [10] en ce domaine. Tout cela afin de promouvoir aussi une vision globale de l'œcuménisme et du dialogue interreligieux avec les particularités des Eglises Protestantes au niveau national. Même si la cohérence et l'ouverture, à l'intérieur du protestantisme, doivent toujours être mises sur le travail car rien n'est acquis d'avance [11] .

"Dominus Iesus" : d'une pierre deux coups

Notre approche de "Dominus Iesus" est légèrement différente de ce qui a pu en être dit jusqu'à présent. Nous y voyons deux démarches, une externe et une autre interne. Pour la première nous comprenons cette déclaration comme l'affirmation claire et nette de ce statut de l'Eglise de Rome en tant qu"Eglise Mère". En cela cette Eglise n'a jamais changé de position depuis Vatican II et il n'y a ici rien de paradoxal. Bien au contraire nous sommes face à une logique cohérente de L'Eglise Catholique qui refuse de reconnaître les ordinations des autres Eglises Chrétiennes. Une Eglise Catholique qui refuse d'adhérer au Conseil Oecuménique des Eglises car en agissant ainsi elle renierait son statut "d'Eglise Mère" pour ne devenir qu'une "Eglise sœur" [12] .

Pour la seconde démarche,  nous pensons que ce texte fut écrit pour donner un repère clair aux fidèles de l'Eglise Romaine pour pratiquer leur foi sur des "bases saines" : le Christ seul et l'Eglise (de Rome), seule. Comme le dit le Pape : " Le Document clarifie les éléments chrétiens essentiels …" [13] . Nous ne croyons pas que ce texte s'inscrive uniquement dans une perspective œcuménique. "Dominus Iésus" est aussi un texte de mise en garde pour les Catholiques. C'est un rappel pour les fidèles ; une réaffirmation de la position de l'Eglise de Rome contre le libéralisme théologique en son sein. L'Eglise Catholique ainsi affirme aux baptisés qu'ils ne peuvent pas croire ce qu'ils veulent sans se soucier de leur Eglise. C'est une manière de s’exprimer qui signifie : on ne peut pas être  Catholique et Bouddhiste ou encore Catholique et "autre chose" comme  certains  aimeraient le faire croire [14] . Effectivement nous reconnaissons là, en partie, une position saine, sur le principe, que les Protestants Evangéliques affirment aussi depuis longtemps. L'attachement à Jésus-Christ est précédé d'un détachement aux autres divinités et aux idoles. En partie seulement car la référence ultime n'est pas l'Eglise pour les chrétiens mais Christ révélé par la Bible.

La Bible et l'Eglise Catholique : seule contre tous

Encore faut-il se mettre d'accord sur la constitution de cette Bible. Nous souhaitons informer nos lecteurs que l'Eglise Catholique a ajouté au canon de l'Ancien Testament quelques livres qu'elle nomme deutérocanoniques [15] . L'Eglise Catholique ne reconnaît pas le canon juif comme norme de l'Ancien Testament. Nous voulons affirmer ici que la constitution de cette partie de la Bible se fit sous l'autorité du peuple Juif (Rom. 3 v 2) et non des Chrétiens. Les Protestants et les Orthodoxes ont accueilli avec respect ce précieux héritage de la Thora "sans rien y ajouter et sans rien y retrancher". Ces chrétiens ne dénigrent pas l'utilité de ces livres inter-testamentaires qu'ils nomment : livres apocryphes [16] . Aucune autre communauté chrétienne a part l'Eglise Catholique romaine n'a accepté officiellement ces écrits apocryphes comme faisant partie du canon de l'Ancien Testament [17] . Par contre le canon du Nouveau Testament est accepté par toutes les branches du Christianisme.

Rien de nouveau sous le soleil [18]

Le contenu christologique, la lutte contre le relativisme spirituel et l'Eglise Catholique considérée comme seul vecteur essentiel de la présence de Dieu ne sont pas des positions nouvelles. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a bien pris soin de faire référence à la "cathédrale" [19] des divers écrits de la tradition de l'Eglise soit 102 sources bibliographiques [20] pour un texte de moins de 10 pages. Et il ne nous semble pas y avoir des convictions qui divergeraient de manière radicale des prises de position du Cardinal Ratzinger sauf en ce qui concerne la dimension ecclésiologique (c'est à dire la conception de l'Eglise, soit un peu moins d'un tiers du texte).

Alors pourquoi cette Déclaration a-t-elle fait autant de bruit si même un chrétien, un protestant et en plus un évangélique ne rejette pas ce texte dans sa majorité et considère plusieurs de ses affirmations comme bibliques ? 

Vers un Changement

Dans un premier temps nous comprenons bien que ce qui a pu choquer tant de personnes c'est l'attribution exclusive du statut d'"Eglise du Christ" à la seule Eglise de Rome réaffirmée par et pour elle-même au travers de "Dominus Iesus", affirmation faite devant Dieu et donc pour les hommes et les femmes. Réaffirmation faite après tout le travail œcuménique entrepris depuis des dizaines d'années par de nombreux acteurs. Certains ont dû avoir l'impression que tout le lourd labeur accompli n'avait servi à rien, au niveau de la curie romaine, surtout juste après la déclaration commune avec les Luthériens quant à la justification par la foi.

Dans un deuxième temps, grâce aux efforts œcuméniques les mentalités ont changé. C'est une difficulté supplémentaire pour l'Eglise Catholique. Aujourd'hui il est devenu inacceptable de dire qu'une Eglise est au-dessus d'une autre conformément à la Parole de Dieu. Les personnes engagées sur le chemin de l'œcuménisme, qu'elles soient protestantes, catholiques ou orthodoxes, attentent cette reconnaissance d'une égalité de valeur entre Eglises Chrétiennes. Tandis que ceux de ces Eglises qui ne sont pas sur ce chemin demandent cette reconnaissance, sans trop y croire, ni l'attendre. La Déclaration de "Dominus Iesus" est une source de conflits simplement parce qu'elle exprime clairement la manière dont l'Eglise Catholique se considère. C'est à dire comme "seule Eglise du Christ" (cf. "Dominus Iesus" ci-dessous). Le silence de l'Eglise Catholique laissait au moins planer le doute sur une évolution possible de sa position sur ce sujet. Alors pourquoi cette réaffirmation ?

L'Eglise de Rome veut maintenir une confusion à laquelle elle croit sincèrement. Celle que l'Eglise Catholique est le Christ grâce à la théologie de l'incarnation continuée. C'est cet amalgame entre cette Eglise et la personne de Christ que la curie romaine transmet à ses fidèles. Cela crée des tensions entre les Catholiques et les autres Chrétiens [21] . Nous ne pouvons pas les confondre car le Christ est au ciel depuis l'Ascension (Ac. 1) et l'Eglise est sur la terre puisqu'elle n'a pas été encore enlevée [22] (voir l'Apocalypse de Jean). Il y a une rupture entre les deux, et c'est la non reconnaissance de cette rupture, du fait de l'Ascension, entre le Christ et l'Eglise qui est refusée par le primat de l'évêque de Rome et sa théologie sous-jacente de l'incarnation continuée.

Dans ces conditions "l'effet Ratzinger" n'a-t-il pas joué  un rôle de bouc émissaire ? Il est certainement plus facile d'être virulent contre cet homme plutôt que de mettre en cause le Pape qui a approuvé ce texte de "Dominus Iesus" au dernier degré d'autorité avant l'infaillibilité pontificale [23] . Il est aussi plus facile de critiquer un texte. Mettre en cause M. Ratzinger et "Dominus Iesus" n'est-ce pas suivre des leurres pour éviter de se poser des questions sur le système ecclésiologique de l'Eglise Catholique ? La difficulté majeure n'est pas le fait que les Catholiques se donnent un Pape mais bien davantage le sens donné à cette ecclésiologie comme étant la seule capable de vivre et de faire vivre la plénitude du Christ. Certains appellent cela un blasphème :

"Dominus Iesus : "Un blasphème" pour le théologien orthodoxe Olivier Clément

"… je vais être dur, mais je pense que c'est un blasphème contre l'Eglise que de dire que l'eucharistie célébrée par les anglicans et les protestants est vide " Peut-on affirmer que les orthodoxes sont plus proches des catholiques ? " Certes, j'en suis persuadé. Mais on aimerait qu'un pas de plus soit fait : un pas qui montrerait que le rapprochement entre les orthodoxes et les catholiques a des incidences positives pour les anglicans et les protestants. Or on ne le voit pas. " [24]

Il nous semble indispensable maintenant de cibler et de citer l’extrait de cette Déclaration qui est le reflet de la mentalité Catholique [25] avec ses sources.

 

EXTRAIT DU TEXTE DE « DOMINUS IESUS » avec ses sources

Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique - fondée sur la succession apostolique (53) - entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique: « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf.  Jn 21, 17), qu'il lui confia, à lui et aux autres Apôtres, pour la répandre et la diriger (cf.  Mt 28, 18ss.), et dont il a fait pour toujours la "colonne et le fondement de la vérité" (1 Tm 3, 15).  Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui » (54).  Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales: d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures », (55) c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique (56).  Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique » (57)

17.        Il existe donc une unique Église du Christ, qui subsiste dans l’Eglise catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui (58). Les Eglises qui, quoique sans communion parfaite avec l’Eglise catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession Apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières (59). Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine (60).

 En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique (61) ne sont pas des Eglises au sens propre ; toutefois les baptisés de ces communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu'imparfaite avec l'Église (62).  Le baptême en effet tend en soi à l'acquisition de la plénitude de la vie du Christ, par la totale profession de foi, l'Eucharistie et la pleine communion dans l'Église (63).

« Aussi n'est-il pas permis aux fidèles d'imaginer que l'Église du Christ soit simplement un ensemble - divisé certes, mais conservant encore quelque unité - d'Églises et de Communautés ecclésiales ; et ils n'ont pas le droit de tenir que cette Église du Christ ne subsiste plus nulle part aujourd'hui de sorte qu'il faille la tenir seulement pour une fin à rechercher par toutes les Églises en commun » (64).  En effet, « les éléments de cette Église déjà donnée existent, unis dans toute leur plénitude, dans l'Église catholique et, sans cette plénitude, dans les autres Communautés » (65). « En conséquence, ces Églises et Communautés séparées, bien que nous les croyions souffrir de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut L'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut, dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique » (66). [26]

Les sources [27]

 (53)      Cf. Conc. oecum.  Vat. II, Const. dogm.  Lumen gentium, 20; cf. aussi S. Irénée, Adversus haereses, III, 3, 1-3 : SC 211, 20-44; S. Cyprien, Epist. 33, 1: CCL 3 B, 164-165; S. Augustin, Contra adversarium legis et prophetarum, 1, 20, 39: CCL 49, 70.

(54)         Conc. oecurn.  Vat.  II, Const. dogin.  Lumen gentium S.

(55)        Ibid., cf.  Jean-Paul II, Encycl.  Ut unum sint, 13.  Cf. aussi Conc.oecum.  Vat.  II, Const. dogrn.  Lumen gentium, 15 et Décr.  Unitatis redi-ntegratio, 3.

(56)        Contraire à la signification authentique du texte conciliaire est donc l'interprétation qui tire de la formule subsistit in la thèse que l'unique Église du Christ pourrait aussi subsister dans des Églises et Communautés ecclésiales non catholiques. « Le Concile avait, à l'inverse, choisit le mot subsistit précisément pour mettre en lumière qu'il existe une seule "subsistance" de la véritable Église, alors qu'en dehors de son ensemble visible, existent seulement des elementa Ecclesiae qui - étant des éléments de la même Église - tendent et conduisent vers l'Église catholique » (À propos du livre " Église: charisme et pouvoir » du P. Leonardo Boff.  Notificatiûn de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi: AAS 77 [1985] 756-762).

(57)         Conc. oecum.  Vat. II, Décr.  Unitatis redintegratio, 3.

(58)        Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Décl.  Mysterium Ecclesiae, 1: AAS 65 (1973) 396-408.

(59)        Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décr.  U-nitatis redintegratio, 14 et 15; Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lett. Communionis notio, 17: AAS 85 (1993) 838-850.

(60)        Cf. Conc. oecurn.  Vat. I, Const. dogrn.  Pastor aeternus: DH 3053-3064; Conc. oecum.  Vat. II, Const. dogm.  Lumen gentium, 22.

(61)        Cf. Conc. oecum.  Vat. II, Décr.  Unitatis redintegratio, 22.

(62)        Cf. ibid., 3.

(63)        Cf. ibid., 22.

(64)        Congr. pour la Doctrine de la Foi, Décl.  Mysterium Ecclesiae, 1.

(65)        Jean-Paul II, Encycl.  Ut unum sint, 14.

(66)        Conc. oecum.  Vat. II, Décr.  Unitatis redintegratio, 3.

 

Les Enjeux

          a/ Désir d'évangélisation

Toutes ces indications peuvent paraître fastidieuses mais cela nous semble nécessaire de les citer pour information. Nous voulons faire remarquer à nos lecteurs que bon nombre des sources de cet extrait (les numéros en gras, soit 11 sur 14) de la déclaration de "Dominus Iesus" proviennent de Vatican II. Un concile réputé pour son ouverture aux autres Eglises. Celui-ci donna une impulsion incontestable pour la promotion de l'œcuménisme. Il serait simpliste donc d'accuser les producteurs de cette Déclaration de "Dominus Iesus" d'anti-œcuménisme. C'est pour cela qu'il est nécessaire de comprendre le sens du dialogue interreligieux lié à l'œcuménisme par le Cardinal Pierre Eyt avec un texte introductif à "Dominus Iesus" dont l'Eglise Catholique  souhaite se faire l'ambassadrice :

"De cette façon la mission de l'Eglise Ad gentes emprunte aujourd'hui la voie du dialogue interreligieux. Ce dialogue qui fait partie de la mission évangélisatrice de l'Eglise comporte une attitude de compréhension et un rapport de connaissance réciproque et d'enrichissement mutuel, dans l'obéissance à la vérité et le respect de la liberté." [28]

 

 

b/ La souffrance de l'Eglise de Rome

Il serait entièrement faux de dire que tous les catholiques qui ont une volonté oecuménique sont dans une démarche d'évangélisation envers les autres croyants, même si l'Eglise catholique est accusée de prosélytisme comme l'a montré le dernier voyage du pape dans les pays Orthodoxes. Mais nous devons quand même admettre que les désirs et toutes les relations officielles de compréhension, de connaissance et d'enrichissement ne sont pas neutres ni dénués d'intérêts. Au moins un de ces désirs nous semble évident, celui de voir ces Communautés ecclésiales rentrer à la maison pour ne plus faire souffrir "Notre Mère" :

L'Eglise Catholique souffre - comme le dit le Document - du fait que de véritables Eglises particulières (Orthodoxes) et Communautés ecclésiales (Protestantes), avec les éléments importants de salut, soient séparées d'elle. [29]

 

Les Protestants reconnaissent que cette souffrance est réelle. Pourtant nous souhaitons interpeller l'Eglise de Rome sur une des raisons de cette souffrance. Celle-ci nous semble découler d'un amour possessif motivé par le désir d'être reconnue comme "Mère".

c/ Conflits externes

Est-ce vraiment l'attitude de l'Eglise Catholique ? On pourrait dire "Oui" sur le fond mais "Non" sur la forme. L'Eglise Catholique s'adapte, change ses stratégies dans ses approches et dans sa manière d'être avec les autres Eglises. Ainsi à des degrés divers tout dépend des lieux, des pays et des cultures. Tout dépend de l'implantation bien souvent de l'Eglise Catholique et du pouvoir politique et de l'influence religieuse qu'elle a ou a pu exercer. Les conflits spirituels entre Catholiques et Protestants sont rudes en Amérique du Sud. Alors qu'en Amérique du Nord tout a l'air de se passer le plus paisiblement du monde. En Europe, les pays les plus touchés par ces conflits sont l'Italie [30] , l'Espagne [31] , la France [32] . Là où l'Eglise Catholique est  majoritaire. Les terres Orthodoxes ne sont pas en reste comme par exemple en Grèce où le voyage du Pape fut difficile, en ces mois d'avril / mai 2001. Pourquoi ces conflits qui ne servent à rien sinon à ternir le message de l'évangile ?

 C'est tout simplement la promotion d'une certaine ecclésiologie. La clef de voûte de la "cathédrale" théologique de L'Eglise Catholique causant ces divers conflits historiques entre chrétiens jusqu'à nos jours est la notion du primat de l'Evêque de Rome soutenue par la théologie de  l'incarnation continuée. Nous ne voyons pas comment l'Eglise Catholique pourrait prendre sa véritable place d'Eglise sœur à coté des Eglises Protestantes et Orthodoxes sans prendre du recul sur cette notion du Primat afin d'entrer en dialogue de manière équitable et équilibrée avec les autres Eglises. Ce primat de l'évêque de Rome est une erreur de l'Histoire comme le démontre M. LODS. Il l'a clairement exposé dans sa "Leçon d'ouverture, Le "Tu es Petrus" dans l'exégèse patristique, donnée à la Faculté de Théologie de Paris le 5 novembre 1958". Pourquoi chercher à faire mieux quand nous avons à disposition l'excellence ("tu es petrus").

d/ Conflits internes

Le dogme du primat de l'évêque de Rome n'est pas seulement une difficulté externe pour des relations justes et saines. Il est aussi un enjeu interne contre le développement d'une structure qui donne la parole aux Catholiques au sein de leur propre Eglise. Cela empêche  la possibilité de corriger de l'intérieur les erreurs commises. Comme nous le montre la situation de l'Eglise de Rome en Amérique du Sud.  En effet dans le cadre du Synode Latino-Américain les délégués ont un pouvoir délibératif. C'est à dire que ce synode est un lieu de décision où les représentants de l'Eglise Catholique décident ensemble d'une part de l'ordre du jour et d'autre part décident par vote à la majorité des orientations de cette Eglise en Amérique Latine [33] . Malheureusement Le Pape, Jean-Paul II, a créé il y a quelques temps un autre synode : le Synode des Amériques, regroupant Amérique Latine et Amérique du Nord qui, lui, n'offre aux délégués de l'Eglise Catholique qu'une voix consultative, c'est à dire non décisionnelle, sur le modèle du Vatican. Tout cela pour nous faire prendre conscience des orientations du changement de l'Eglise Catholique : concentration du pouvoir décisionnel à Rome sous la seule autorité du Pape. Cela nous amène à dire que si l'Eglise Catholique n'est pas capable de se laisser interpeller de l'intérieur comment pourrait-elle l'être à partir de l'extérieur ? Illusion ou réalité ? A chacun de faire son choix.

Il était des fois en l'Eglise Catholique

Par contre il est important de ne pas méconnaître l'incomparable capacité d'adaptation de l'Eglise Catholique et sa capacité d'intégration de mouvements tellement différents les uns des autres pour les maintenir en son sein. L'Eglise de Rome fait vivre ensemble d'une manière extraordinaire une diversité de mouvements. Au point que certains spécialistes n'osent plus parler de la foi de l'Eglise Catholique mais des fois [34] de cette Eglise. Comment toutes ces tendances avec des fois différentes peuvent-elles vivrent ensemble dans l'Eglise Catholique ? La seule réponse honnête que nous trouvons c'est la liberté de pensée de parole et d'action que cette Eglise doit leur offrir tant que ceux-ci ne touchent pas à certains éléments vitaux. Cette liberté devient conditionnelle sur au moins quatre points de vue clefs de l'Eglise Catholique : Marie, le Pape, l'Eglise et une interprétation des Ecritures [35] . Par contre à l'intérieur du cadre fixé, souvent très large, la parole circule avec sincérité et détermination jusqu'à devenir un dogme [36] .  Alors les Catholiques ne peuvent plus revenir sur ces paroles. Elles deviennent non négociables même si l'Eglise de Rome se trompe. Les Catholiques doivent faire avec …et les autres aussi.

Les Risques des dialogues

Dans sa diversité théologique l'Eglise Catholique trouvera toujours un point de contact doctrinal avec n'importe quelle théologie chrétienne et non chrétienne pour entrer en dialogue. Elle encouragera un dialogue de conviction. Elle sera capable de vous montrer que vous n'avez pas compris le sens profond de sa théologie et que vous vous méprenez en l'accusant trop facilement. Ces accusations, dites à la légère, seront même une preuve de votre incompréhension de cette superbe cathédrale théologique ou de votre manque de subtilité. Et vous vous remettrez en question honnêtement sans qu'elle ne bouge d'un pouce.

         C'est par nos rencontres que nous sommes en train de lui transmettre notre savoir et notre savoir-faire protestant dans les domaines de l'évangélisation, de l'étude de la Bible, voire de la théologie [37] . En voulant maintenir un  dialogue à tout prix ne nous éloignerions-nous pas d'un partage entre frères et sœurs ?  c'est certainement un de nos points faibles en tant que Protestants : la logolatrie. Nous risquons de mettre au centre des dialogues la parole. Ce fait de dialoguer s'il devient un but en soi n'est pas un partage mais un échange d'idées où chacun reste sur ses positions. Cela ne permet pas la rencontre autour du Christ. En effet la parole n'est pas tout, elle est limitée, le moment où nous en prenons conscience c'est quand elle se pose et nous arrête dans nos discours :

"Jésus lui dit, Je suis le chemin la vérité la vie. Nul ne vient au père que par moi." (Jn. 14 v 6).

         Le dialogue a une place mais il n'est pas central contrairement au partage. Le dialogue est présent faute de mieux alors qu'autour du Christ avec ses paroles et non autour des systèmes ecclésiologiques, le partage offre la communion [38] . Ce n'est pas l'Eglise en tant qu'institution qui pose problème. Mais bien l'ecclésiologie catholique qui s'est érigée en vérité ultime. Elle est le point d'achoppement sur lequel viendront se briser tous les efforts œcuméniques. Nous pensons que la Congrégation pour la doctrine de la foi a reconduit une démarche ecclésiologique intenable mais elle le fait avec sincérité, en toute bonne foi. Une démarche qui reflète la mentalité catholique sur sa compréhension de l'Eglise. Le Christ parle :

"Là ou deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mtt 18 v 20 )

Voilà l'Eglise Chrétienne humaine et divine. Humaine par la présence de personnes en relation les unes avec les autres et Divine par la présence de Christ avec ces personnes. L'Eglise, selon cette perception, serait aussi ces rencontres œcuméniques où les personnes qui ont la foi en Jésus-Christ échangent pour essayer l'unité sans ecclésiologie. L'Eglise est constituée des personnes en relation les unes avec les autres elle-mêmes en relation avec Jésus-Christ. Il n'est pas besoin d'être "Eglise Catholique" pour être pleinement reconnu par le Seigneur.

Une double démarche

a/ La démarche Ecclésiologique

         L'ecclésiologie romaine est le mur porteur de cette l'Eglise qui se veut "universelle". Nous l'appellerons la démarche ecclésiologique dans ses rapports aux autres Eglises. Dans cette démarche, il semble inimaginable pour l'Eglise Catholique que d'autres Eglises puissent avoir quelque chose de Dieu qui provienne d'une autre source que de l'Eglise de Rome. Toutes les Eglises lui sont redevables. C'est la douloureuse affirmation de la "foi infuse" [39] confirmée par "Dominus Iesus". L'Eglise depuis le Nouveau Testament est une au pluriel (Rome, Corinthe, Ephèse, Philippes, etc.…) et bien plus nombreuse encore après la période post-néo-testamentaire dans laquelle nous sommes encore. L'Eglise Catholique se considère toujours comme étant une intermédiaire incontournable quelle que soit l'action de Dieu : "Tout est Grâce" - à elle.

         b/ La démarche ecclésiale

Nous pensons que bon nombre de Catholiques sont dans une autre démarche que nous nommerons ecclésiale qui relève du partage fraternel autour de la personne du Christ. Cette démarche n'exclut pas l'Eglise en tant qu'institution. Mais elle veut mettre l'Eglise au service de ses membres et des autres. Cette attitude est possible dans la mesure où l'institution comme Eglise laisse la place au Christ d'abord dans ses relations aux autres. Des Catholiques vivent ce rapport institutionnel avec les autres Eglises dans le cadre des rencontres œcuméniques comme le démontrent toutes les lettres et les paroles d'excuses faites aux Protestants suite à "Dominus Iésus". C'est un premier pas significatif fait par ces Catholiques qui reconnaissent que leur Eglise se trompe et nous les en remercions chaleureusement. Par contre nous trouverons dans toutes les Eglises des personnes qui seront attachées à leurs rites au détriment du Christ, avec ces "religieux" l'ecclésiologie sera une fin en soi comme la pratique du Sabbat du temps de Jésus.  Le handicap pour les Catholiques c'est que leur Eglise a institué la démarche ecclésiologique au détriment d'une attitude plus paisible qu'est la démarche ecclésiale.

Bible et dialogues quelles paroles ?

Nous souhaitons personnellement mettre l'accent sur le sens, les principes bibliques, les chercher et les évaluer selon la parole de Dieu : la Bible, en reconnaissant nos limites : "Car c'est partiellement que nous connaissons" (1 Cor.13 v 9a). Et c'est bien  parce que nous ne pouvons pas tout savoir de Dieu, que l'apôtre Paul, nous demande d'être attentifs en examinant toutes choses afin de retenir ce qui est bon (1 Th. 5 v 21).

Alors justement pour ces dialogues que nous dit la Bible ? quelles paroles pose-t-elle pour éclairer notre cheminement, notre partage ? Ici nous souhaitons exprimer notre gratitude à M. Jacques Buchhold  pour sa pertinence. Son regard biblique nous propose trois voies possibles.

La première est celle de l'appel à l'accueil réciproque selon l'épître aux Romains chapitre 14 et j'y ajouterai la prière de Jésus en Jean 17 sur l'unité.

 La seconde voie est celle de la rupture, l'anathème, selon le modèle de Galates chapitre 1er  face à un autre évangile, mais sommes-nous face à un autre évangile ? La réponse à cette question sera essentielle pour le rejet d'un contact avec l'Eglise de Rome.

 Et la troisième voie est celle de la "rupture et des degrés de communion" selon 2 Thess. 3 v 13 - 15 :

Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. Si quelqu'un n'obéit pas à ce que nous disons dans cette lettre, prenez note de lui et n'ayez avec lui aucune relation, afin qu'il en ait honte. Ne le considérez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère.

 

Pour cette troisième voie, le Catholique est un frère à avertir. Certes nous sommes séparés de par l'Histoire. Mais le retour à la Parole de Dieu est une chance et un risque pour elle [40] . N'oublions pas qu'il y a seulement quelques dizaines d'années la Bible était interdite de lecture pour les fidèles de cette Eglise. Nous savons par expérience que chacun lit la Bible avec les yeux de sa tradition ecclésiologique. L'Eglise Catholique n'y échappe pas. La Bible est le poumon de la spiritualité protestante depuis que nous existons. Elargissons l'horizon biblique de "nos frères séparés" afin qu'ils découvrent la Grâce seule, la Foi seule, l'Ecriture seule et surtout Jésus-Christ seul [41] .

N'oublions pas que la Parole de Dieu nous engage dans la recherche de Christ et de sa Vérité. C'est aussi la raison d'être du dialogue théologique au sein de l'œcuménisme et du dialogue interreligieux. Ce qui implique lorsqu'il y a erreur théologique que celui qui la commet soit prêt à changer. Je ne crois pas que l'Eglise Catholique soit prête à cette démarche. Aujourd'hui comme hier et probablement demain, lorsque les yeux s'ouvrent ce sont les personnes qui changent d'Eglise. Mais notre souhait de cœur c'est que cela puisse se passer selon cette belle parole, déjà ancienne, fruit du dialogue entre Evangéliques et Catholiques :

" Nous reconnaissons qu'une conviction de conscience conduit certaines personnes à changer d'allégeance, soit de la foi catholique à la foi évangélique, soit de la foi évangélique à la foi catholique, et en conduit d'autres à essayer de convaincre des gens de le faire. Si la chose se passe en conscience et sans coercition, nous ne la considérons pas comme du prosélytisme." [42]

Conclusion

"Dominus Iésus" est une goutte d'eau dans l'océan théologique de l'Eglise Catholique mais amère pour certains et douce pour d'autres. De toute façon cette déclaration nous montre tout le chemin que les Eglises ont à parcourir pour se donner la main. D'autant plus qu'elles sont souvent elles-mêmes l'obstacle majeur à l'unité que le Christ nous demande.

Nous sommes face à un fossé, un gouffre, un abîme entre les positions ecclésiologiques des Eglises Protestante et Romaine. Concernant ces positions la structure humaine n'est pas le problème, elle est nécessaire mais lorsque cette structure prend la place médiatrice du Christ ; elle pèche.

Un des critères principaux que Vigi-Sectes considère comme engageant un mouvement, une communauté, une Eglise, c'est le cas qui nous concerne ici, dans une dérive sectaire est que celle-ci se croit détentrice d'une Vérité ultime qui la mettrait au dessus des autres. En se positionnant comme "seule Eglise du Christ" avec "Dominus Iesus" c'est clairement le cas pour l'Eglise Catholique.

Ici nous souhaitons attirer l'attention sur un piège dans lequel nos lecteurs catholiques et d'autres pourraient tomber. Celui de ne pas recevoir ces paroles sous prétexte qu'elles sont une attaque contre l'Eglise Catholique. Nous ne sommes pas dans cet état d'esprit. Nous voulons simplement reconnaître l'honnêteté de cette Eglise qui d'elle même accepte qu'il puisse y avoir des dérives sectaires en son sein. Malheureusement il est toujours très difficile d'avoir un regard juste sur soi-même et c'est là que nous avons toujours besoin des Autres (c'est valable pour chacun d'entre nous). Aussi notre but est de dire la dérive et de l'offrir à l'intéressée, à l'Eglise Catholique romaine de la prendre en compte ou pas …

Nous participons sincèrement à la souffrance des Catholiques devant les ruptures entre l'Eglise de Rome et les autres Eglises. C'est une tragédie pour l'unité des chrétiens. Mais la position de l'Eglise Catholique, à la fin de ce millénaire, qui ne veut pas prendre en compte les raisons profondes de ces deux ruptures place le dialogue œcuménique dans une impasse. Ne serait-ce que pour les éléments déclencheurs de ces ruptures. Pour les Orthodoxes c'est le primat de l'évêque de Rome et pour les Protestants c'est l'achat de la présence de Dieu contre le payement des indulgences du XVIe siècle. Les indulgences furent remises au goût du jour par Jean-Paul II l'année du Jubilé, en l'an 2000.

J'ai l'impression que les relations œcuméniques existent plutôt pour faire accepter ces différences ecclésiologiques et pour prévenir une rupture du lien social entre Protestants et Catholiques. Ce deuxième aspect est non négligeable. Plutôt que de faire un travail réciproque de changement intérieur indispensable en vue d'une réelle unité. Serait-ce parce que notre identité chrétienne se fonde sur notre ecclésiologie plutôt qu'en Jésus-Christ ? Nous en payons le prix : la séparation qui laisse une porte ouverte à un œcuménisme social. Mais notre désir reste  le PARTAGE où l'on change vraiment dans l'échange.

 Jean-Louis Martinez

Vigi-sectes île de France

Texte paru dans "la route droite" trimestriel de l'association vigi-sectes.


 

[1] La Fédération Protestante de France  s'interroge par son président, communication du 5 Sept. 2000

L’Eglise Réformé proteste contre les déclarations du cardinal Ratzinger, Le Monde, jeudi 28 Sept. 2000 p.13

L'Eglise Protestante Unie de Belgique a réagi par son président , M. Daniel Vanescote, par une lettre adressée à la conférence Episcopale de Belgique du 29/09/2000

[2] Des réactions vives de part et d'autre formulées par de nombreux groupes catholiques et par beaucoup de personne de cette Eglise Chrétienne ainsi que de nombreux acteurs de la démarche œcuménique furent véhiculées par la presse.

[3] Mais il ne faut par croire que tous les Catholiques soient unanimes, il y a ceux dont la presse n'a pas parlé. Certains ont diffusés le texte "pour information" et sans commentaire comme par exemple le curé de la paroisse de Lattes (dans l'Hérault 34) un peu avant la période de Noël 2000 dans un  bulletin qui se nomme "Ephrata ouvre toi ".  Le prêtre de cette paroisse se nomme M. Ravaille.

[4] Fac Réflexion n°51-52 2000/2-3 numéro double, organe d'information de la Faculté Libre de Théologie Evangélique de Vaux sur Seine.

"A propos de la Déclaration de l'Eglise catholique "Dominus Iesus"", Hubert Goudineau, p.35-43.

[5] Informations données par le professeur Neal Blough lors de son intervention pendant le colloque Catholique / Evangélique à la Faculté Libre de Théologie Evangélique de Vaux sur Seine le 24/03/01.

[6] Ibidem Fac Réflexion "Que se passe-t-il entre Catholiques et Luthériens ?", Albert Greiner, p.4 - 21

[7] Elle est aussi formulée dans les milieux œcuméniques.

[8] Terme utilisé de manière fraternelle mais ferme par le Père Sesboüé lors du colloque Catholique / Evangélique à la Faculté Libre de Théologie Evangélique de Vaux sur Seine le 24/03/01.

 

[9] Voir l'extrait de la Déclaration "Dominus Iesus" ci-dessous.

[10]   La Fédération Protestante de France et la Fédération Evangélique de France ont déjà en commun une commission sur la liberté religieuse, premier pas pour aller plus loin en tout cas nous l'espérons.

Le secrétaire générale de la FPF et celui de la FEF ont rencontré ensemble les représentants du CCMM, une des deux plus importantes associations anti-sectes de France. Cf "Regard sur" d'avril/mai/juin 2001, organe d'information de cette association.

[11] Eglise réformée de France, Eglise en Débats n°6, mai 2001, deux points de vue sur l'élargissement de la FPF, par Yves Cruvellier pp. 29 - 32 qui est contre cette ouverture.

Nous préférons suivre M. Serge Oberkampf de Dabrun qui ne développe pas sa pensée malheureusement. Aussi pour que les "vaches" (selon M. Cruvellier) apprennent à se connaître je vous propose de lire deux articles de M. Jean-Paul Gabus, L'expérience de l'Esprit dans les réveils religieux protestants I et II, in Etudes Théologiques & Religieuses, Tome 76, 2001/1 pp. 17-30 et 2001/2 pp. 161 - 189. Tout cela afin que les différences qui sont normalement considérées comme une richesse à apporter et l'importance numérique des ADD  n'alimentent pas une crainte fondée sur des préjugés ou chose plus étonnante sur la connaissance de l'autre. Nous souhaitons donner une place particulière à un petit article in Ensemble, La Fédération protestante de France, mensuel protestant du Sud-Ouest, n°155, Octobre 2000, Choisir de dire Oui par sœur Bénédicte, Diaconesse, p. 23-24. Nous citerons son plan :

Choisir de dire oui, c'est "oser le risque"

Choisir de dire oui, c'est croire en une complémentarité de nos différences.

Choisir de dire oui serait-ce d'œuvrer ensemble au service de ce qui nous unit déjà ?

[12] Sur l'usage approprié de l'expression "Eglises sœurs", Note de la Congrégation pour la doctrine de la Foi sur l'expression "Eglise sœurs", la documentation catholique, 1er Octobre 2000, N° 2233, pp. 823-825

Avant la publication du document Dominus Iesus, le 5 septembre dernier (2000), la Congrégation pour la doctrine de la Foi avait fait parvenir, fin juin, une note aux évêques du monde entier sur l'usage approprié de l'expression "Eglises sœurs". Ce document devait rester confidentiel  et de fait n'a pas été rendu public par le Saint-Siège.

Cependant, dans plusieurs pays, à partir d'une version anglaise publiée fin août par l'agence américaine CNS, cette note, signée par le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation de la foi et Mgr Tarcisio Bertone, Secrétaire, a été l'objet de nombreux commentaires. p. 823

[13] Le sens et la porté de la déclaration de "Dominus Iesus",  Allocution lors de l'angélus du 1er Octobre, la documentation catholique, 5 Novembre 2000, n°2235, p. 909.

[14] Témoignage de monsieur B. propos recueillis par Maryline Guitton :

Catholique et scientologue, un père de famille de 58 ans, catholique pratiquant devenu scientologue convaincu, sans, dit-il, avoir renié sa foi, raconte un témoignage instructif.

In Actualité des religions, hors série n°5, Sectes pour en finir avec les clichés, Avril 2001, p. 8 et 9.

 

[15]   Ces livres sont : le livre d'Esther (grec), le livre de Judith, le livre de Tobit, premier livre des Maccabées, le deuxième livre des Maccabées, le livre de Sagesse, le livre du Siracide, le livre de Baruch, la lettre de Jérémie.

[16] Pour les Protestants.

[17] Grâce a sa stratégie "être présente" a des endroits clefs par l'oecuménisme l'Eglise catholique a réussi a faire évoluer la considération que les autres chrétiens ont de ces textes apocryphes. Voir,  La religion en miettes ou la question des sectes,  Danièle Hervieu-Léger, édition Calmann-Lévy, Paris, mars 2001 p. 112 : le Siracide est ici considéré comme un livre Biblique, c'est à dire canonique.

[18] Op. Cit. Fac Réflexion. Pour cette partie vous lirez avec profit :

La dialectique changement-continuité dans le catholicisme, Alain Nisus, p. 24-33

[19] Superbe image utilisée par le Pasteur Alain Nisus lors de la rencontre Evangélique-Catholique à la F.L.T.E. de vaux sur Seine fin mars 2001.

[20]   « Actes du Saint-Siège » Dominus Iesus, la documentation catholique, 1er Octobre 2000, n°2233, p. 821

[21] Réforme l'hebdomadaire protestant nous offre une information intéressante dans son Hors série sur les sectes de juin 2000. "L'Eglise Evangélique de Besançon", Benoît Hervieu-Léger, p. 32 : "L'Eglise évangélique de Besançon se défend de tout prosélytisme auprès de la populations d'autres confessions chrétiennes. Ce sont pourtant des transfuges d'une autre Eglise - la catholique romaine - qui lui aurait valu les attentions de … ,un catholique très pratiquant, n'a jamais accepté que son gendre devienne pasteur chez nous, soutient Daniel Glockler. Nos ennuis se sont amplifiés lorsque plusieurs futurs prêtres du petit séminaire de la ville se sont convertis à leur tour."

[22] Cf. l'Eglise sur la terre, allez ! un peu d'humour même si c'est une vérité de La Palice.

[23] … que j'ai approuvée moi-même de manière spéciale … Le sens et la portée de la déclaration de "Dominus Iesus",  Allocution lors de l'angélus du 1er Octobre, la documentation catholique, 5 Novembre 2000, n°2235, p. 909.

[24] FPF Document, dossier Dominus Iesus sur http://perso.wanadoo.fr/fpf/documen/domine.html

[25] Nous informons que le texte mis en gras, grossi et surligné l’est par nos soins mais celui-ci reste respectueux de l’original.

[26] « Actes du Saint-Siège » Dominus Iesus, la documentation catholique, 1er Octobre 2000, n°2233, pp. 818

[27] Ibidem p.822

[28] L'Eglise de France, "Le dialogue interreligieux occasionne une recherche théologique et philosophique plus foisonnante"

Introduction du cardinal Pierre Eyt à l'édition française de la Déclaration Dominus Iesus. La documentation catholique, 15 Octobre 2000,  N°2234, p. 874. C'est nous qui soulignons.

 

[29] Jean-Paul II : Le sens et la porté de la Déclaration de "Dominus Iesus",  Allocution lors de l'angélus du 1er Octobre, la documentation catholique, 5 Novembre 2000, n°2235, p. 909. Nous avons rajouté les parenthèses pour clarifier la pensée de l'auteur.

[30] Op. Cit. Fac réflexion : Mise pour exemple car faite avant la sortie de "Dominus Iesus"

Déclaration de l'Alliance Evangélique Italienne, Padoue, les 10 et 11 Septembre 1999, 44-49.

[31] New Europe Forum 2001 du 7/6/01 au 10/6/01 organisé par l'Alliance Evangélique Française à Saint-Prix (95).

Etude de cas : Espagne, un pays catholique romain par José de Segovia.

[32] A/ "Perspectives sur la lutte contre les sectes en France", Régis Dericqueboug

in "les controverses en matière de "sectes" ou nouveaux mouvements religieux : regard sur les mouvements anti-sectes", Actes du colloque du 17 septembre 1996, Cesnur France en Sorbonne Paris p. 1 de l'intervention mise par écrit.:

"              1°  La méfiance envers les groupes religieux minoritaires a toujours existé en France… J'ai présenté ailleurs(1) l'origine de ces résistances. Elles sont à rechercher dans le reliquat de l'hégémonie catholique et dans l'idéologie rationaliste …"

(1) B/ "Traduit dans les termes de Pierre Bourdieu15, l'Eglise catholique a voulu s'assurer le monopole de la gestion des biens de salut. Pour y parvenir, toute pratique et toute croyance différente ont été considérées comme une menace du monopole. Elle en a fait des croyances mineures profanatrices.

                La religion catholique romaine a donc été une des principales organisations productrice de l'Autre, "exclu ou toléré"." 

"Les résistances aux groupes religieux minoritaires en France", in "Pour en Finir avec les Sectes", édition Cesnur - Di Giovanni, juin 1996, Régis Dericquebourg, p. 80.

Est-ce toujours d'actualité ? Cf. note n°21

 

[33] Conférence du 11/06/2001 au Centre 8, 8 rue de Buc 78000 Versailles, avec le père Patrick et le père Charles Antoine pour de plus amples informations : Charles Antoine, Guerre froide et Eglise Catholique l'Amérique Latine, éditions du cerf, Paris, 2000, pp. 354. J'avoue avoir été soufflé par cette information. Pour ceux qui souhaiteraient avoir des informations sur cette région du monde qui comprend 43% des Catholiques contactez : diffusion de l'information sur l'Amérique Latine (DIAL) 38 rue du Doyenné 69005 Lyon - France. La DIAL est catholique pour précision.

[34] Op. Cit. colloque Catholique / Evangélique à la Faculté Libre de Théologie Evangélique de Vaux sur Seine le 24/03/01.  Pasteur Alain Nisus.

[35] Voir L'interprétation de la Bible dans l'Eglise de la commission Biblique Pontificale in la documentation catholique du 2 janvier 1994, n° 2085, pp. 13-44, rédigé le 15 Avril 1993 à Rome.

 

[36] "Le Catholicisme à la lumière de l'Ecriture Sainte, Jacques Blocher, édition Institut Biblique de Nogent 1979, 5ème édition 1990, pp. 179. Voir les examens historiques qui montrent les combats au sein de l'Eglise Catholique entre les "pour" et les "contres" sur bon nombre d'affirmations qui caractérisent cette Eglise aujourd'hui :

-          l'infaillibilité du pape

-          Marie

Et bien d'autres sujets encore. C'est vraiment très instructif.

[37] L'attrait pour la théologie de la conversion par exemple  pour certains prêtres catholiques est manifeste car ils sont lassés de ces "croyants" qui ne pratiquent pas. Ces curés sont confrontés tous les jours à   "un catholicisme sans christianisme" selon la formule d'un sociologue, nous leur faisons part de notre profonde compassion.

[38]   Je le dis par expérience personnelle.

[39] Voir la fin de l'extrait de Dominus Iesus dans cet article.

[40] Il est important de souligner que L'Eglise de Rome refuse l'interprétation qu'elle nomme "Lecture fondamentaliste" in L'interprétation de la Bible dans l'Eglise Op. Cit. p.26-27. Nous la nommerons plutôt Lecture Evangélique. Pourquoi ce refus ? Cette Lecture Evangélique remet en question sans compromis d'une part les quatre points cardinaux romains : Marie, le Pape, l'Eglise et l'interprétation biblique et d'autre part le cœur de sa théologie : l'incarnation continuée. Nous pouvons donc mieux comprendre ce rejet. Pour de plus amples informations sur cette Lecture Evangélique voir : Comment interpréter la Bible, édition Emmaüs, Suisse, Saint-Léger, Alfred Kuen, 1991, pp. 321. Cette Lecture Evangélique est beaucoup plus riche, fine et subtile que ce que pourraient laisser croire certains de ses détracteurs qui ne veulent y voir qu'une lecture littérale des textes bibliques. C'est une manière de se rassurer sur ses propres errances que celle de voir en l'Autre un incompétent. Cette Lecture comprend l'apport des sciences bibliques, accueille le symbolisme biblique, s'adapte aux genres littéraire des Textes. Cette Lecture se laisse interpeller et interroge les sciences humaines. Cette Lecture  est toujours en recherche d'une compréhension plus profonde du Christ et de sa vérité sans prétendre tout connaître (1 Cor. 13 v 9a). Cette Lecture Evangélique dérange car elle veut donner à la Bible (la partie juive pour l'A.T. et le N.T.)  cette place de référence ultime pour l'Eglise et pour les chrétiens.

[41] Ces quatres principes sont rappelés par Hans-Christoph Askani dans son article Autorité de l'Ecriture in Eglise Réformée de France information / Evangélisation, quel avenir pour l'œcuménisme ?, n°6 de Décembre 2000, p. 11.

[42] LE DIALOGUE   Evangélique - Catholique romain sur LA MISSION, in Panorama InterEglises, Centre de Recherche Théologique Missionnaire, Paris 7ème , 1986, p. 52.

3 rencontres à Venise en Avril 77, à Cambridge en mars 82 et à Landévennec en avril 84